Collaboration en matière de formation : le Service-conseil participe à la formation par simulation avec l’Université de Montréal et l’Université McGill
Le Service-conseil a été invité à participer à une journée de jeux de simulation, hébergée par le Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine et organisée dans le cadre d’un événement partagé entre les facultés de médecine d’obstétrique et de gynécologie de l’Université McGill et de l’Université de Montréal. Le titre des jeux de cette année était « Prendre soin des survivant.e.s » et le Service-conseil a été invité à fournir une formation spécialisée sur la manière d’intégrer l’approche sensible aux traumatismes dans les interventions médicales.
L’objectif de la formation par simulation est de fournir aux professionnel.le.s une formation pratique sur des procédures difficiles et potentiellement dangereuses, sans risque pour les patient.e.s. Des acteurs sont engagés, des scénarios sont rédigés et du matériel médical réel est utilisé afin d’offrir un environnement d’apprentissage sûr pour la pratique. Cette année, les organisateurs de l’événement, la Dre Andrée Sansregret et le Dr Luis Monton, qui reconnaissent l’impact des violences sexuelles passées sur les patient.e.s, ont souhaité créer un événement qui aiderait les résident.e.s en médecine à gérer ce type d’antécédents. L’objectif est de minimiser la retraumatisation dans les procédures en comprenant la nature des traumatismes liés aux violences sexuelles et en intégrant l’approche sensible aux traumatismes (AST) dans toutes leurs interventions auprès des patient.e.s.
Perspectives des organisateurs :
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Question : Qu’est-ce que l’apprentissage par simulation et pourquoi est-il important pour les médecins d’apprendre de cette manière ?
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Dr Sansregret : La simulation est une modalité éducative reconnue pour le développement professionnel continu (DPC) des médecins. De manière plus générale, la simulation est recommandée par la plupart des organisations internationales de santé et d’accréditation tout au long du continuum éducatif, ce qui entraîne une demande croissante de son utilisation. La formation basée sur la simulation, sous ses différentes formes, a démontré ses avantages pour l’apprentissage individuel, l’amélioration du fonctionnement des équipes et l’audit des systèmes de soins de santé existants.
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Dr Monton : Je me suis impliqué dans la simulation parce que j’ai reconnu qu’il s’agissait d’une nouvelle façon d’enseigner et d’apprendre. J’ai également appris, après plusieurs années, qu’en dehors des situations cliniques difficiles, c’était le meilleur moyen de parler, d’enseigner et d’apprendre sur la communication et sur des sujets difficiles comme les agressions, le viol et l’approche sensibles aux victimes et aux traumatismes (AST). Nous essayons de le faire dans un environnement non conflictuel et sûr, mais nous ne pouvons pas protéger tout le monde comme nous l’avons vu et ressenti nous-mêmes. C’est ainsi que nous apprenons.
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Question : Qu’est-ce qui vous a décidé à consacrer une journée entière de formation aux victimes de violences sexuelles et pourquoi l’approche sensible aux traumatismes (AST) et aux victimes était-elle un sujet important à aborder au cours de cette journée de formation ?
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Dr Sansregret : Il a été porté à notre attention que l’approche sensible aux traumatismes (AST) ne faisait pas partie de notre programme de résidence malgré d’importantes conférences nationales et des efforts à l’échelle du pays pour accroître la sensibilisation à ce sujet. Il est devenu urgent d’enseigner à la prochaine génération d’obstétricien.ne.s. Cette journée annuelle de formation par simulation était l’occasion idéale pour les deux universités.
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Dr Monton : Il y a plusieurs années, j’ai rencontré une jeune médecin, la Dre Heather Millar, lors d’une conférence. Elle participait à une séance matinale sur l’approche sensible aux traumatismes (AST). Le Dr Millar planifie un projet de recherche basé sur la simulation sur l’AST. J’en ai parlé au groupe national de simulation présidé par le Dr Sansregret. Nous espérons que toutes les universités participeront à ce projet de recherche qui intégrera les principes de l’AST dans le programme d’études. Ce n’est pas le cas actuellement, mais cela devrait l’être. Le Dr Sansregret a reconnu ce besoin et a rapidement organisé une journée de simulation autour de ce thème.
Le Service-conseil a donné une introduction de 45 minutes à l’approche sensible aux traumatismes (AST) dans les interventions médicales auprès des victimes de violences sexuelles et a fourni un retour d’information aux résident.e.s en médecine qui ont eu le courage de se porter volontaires pour faire les simulations devant leurs pairs. Ce fut une excellente journée d’apprentissage et de croissance pour toutes les personnes impliquées. Apprendre à parler de violences sexuelles passées dans le contexte de la prévention d’un nouveau traumatisme peut être intimidant ! Mais en appliquant les 4 C de l’approche sensible aux traumatismes (AST), ils ont pu s’entraîner à créer un environnement confortable pour leurs patient.e.s.
Le Service-conseil a également bénéficié d’une discussion sur le processus d’orientation vers les services des centres désignés et sur la collaboration vitale qui doit exister entre les centres désignés et le reste du réseau de santé et des services sociaux.
Un grand merci aux organisateurs pour l’invitation et la reconnaissance du fait que toute formation médicale devrait inclure une composante sur la violence sexuelle et les soins tenant compte des traumatismes.
Pour un rappel rapide, voici les 4 C de l’approche sensible aux traumatismes :
Les principes des 4 C : Calm, Contain, Care, Cope (Gerber, 2019).
A) Calm = se calmer et calmer l’autre en instaurant un climat rassurant.
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La pleine conscience : Prêter attention à la respiration, au ton, au langage non verbal et aux réactions émotionnelles de l’autre autant qu’aux siennes.
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Offrir de pratiquer des techniques d’ancrage pour favoriser un état de calme.
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Adapter les lieux : répondre aux besoins de base.
B) Contain = contenir les émotions et favoriser le sentiment de maîtrise de la situation
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Exploration ouverte, laisser le choix de donner des détails ou non
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Explorer comment améliorer le confort et le sentiment de sécurité de la personne
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Filet de sécurité : expliquer au fur et à mesure les étapes de l’intervention et les réactions possibles ; diriger vers un.e autre professionnel.le, au besoin
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Éviter de faire des promesses qu’on ne pourra pas tenir et de présumer que tout ira bien.
C) Care = compassion pour soi et les autres
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Self-care (autosoin) et compassion pour soi-même : pratique de l’humilité culturelle.
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Self-care (autosoin) et compassion pour la victime.
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Déstigmatiser les mécanismes d’adaptation et les comportements « négatifs » ou destructeurs ; comprendre leur fonction.
D) Cope = stratégies d’adaptation
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Exploration positive et basée sur les forces des stratégies d’adaptation.
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Exemples de stratégies : talents, comportements, expériences, relations avec les autres, interventions.
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Aider la personne à cultiver une image positive d’elle-même en utilisant la technique de la reformulation ou du reflet.
ANDRÉE SANSREGRET, M.D., F.R.C.S.C.
Professeure agrégée sous contrat, Université de Montréal
Codirectrice médicale du CAAHC du CHU mère-enfant Sainte-Justine
Responsable des résidents en obstétrique gynécologie au CHU Sainte-Justine
Leader pédagogique volet simulation
Coresponsable médical de la formation par simulation au CAAHC de l’Université de Montréal
LUIS MONTON, M.D., F.R.C.S.C.
Professeur adjoint, Département d’obstétrique et de gynécologie, Université McGill
Directeur, simulation McGill OBGYN, Centre Steinberg pour la simulation et l’apprentissage interactif
Obstétricien-gynécologue à l’Hôpital général juif
L’équipe du Service-conseil
L’allié des centres désignés